J’ai reçu récemment un appel d’une personne en conflit avec son chien, car celui-ci grogne et mord lorsqu’elle tente de prendre son jouet en main.
Comme souvent, la réponse se trouve dans la question…
Je ne vais pas me faire que des amis, mais je ne suis pas une adepte du marchandage, de l’échange, de la négociation perpétuelle…
Je pars du principe que les jouets ne sont pas les siens mais les miens, et que je lui prête, pour jouer avec lui.
Respecter cette logique dès l’arrivée du chiot a bien des avantages:
J’évite beaucoup de soucis de destruction, car j’apprends au chien qu’il n’a rien le droit de prendre dans la maison, sauf si je lui donne ou lui autorise. Cela me force à anticiper son besoin de jouer, de mordiller, de faire ses dents. Je réponds à ton besoin en amont, tu n’as donc pas besoin de chercher un pied de table pour te défouler.
Et puis honnêtement, vous ne trouvez pas ça compliqué pour un chiot, de faire la différence entre « sa » peluche, et le doudou de l’enfant? Entre « sa » pantoufle et les miennes? Entre « sa » corde et la télécommande…?
J’évite les risques d’étouffement, d’obstruction intestinale ou stomacale pouvant survenir lors de l’ingestion de morceaux de jouets sans surveillance, et cela arrive plus souvent qu’on ne le croit… Je me facilite également l’apprentissage du refus d’appât, ce qui est plutôt sécurisant lorsque le chien trouve un sachet de mort aux rats sur le trottoir…
Et cela ne m’empêche pas, de temps à autre, de lui donner un jouet, le laisser s’éclater avec, puis le ranger 20 minutes plus tard… Même si la plupart du temps il est bien plus intéressé par l’interaction que par le jouet en lui-même.
Les jouets garderont toujours autant de valeur à ses yeux, car il n’y a pas accès à volonté et H24.
Je peux donc m’en servir pour le faire travailler, le récompenser, développer un lien fort avec lui (cf l’objet de motivation, dont le sujet a très bien été traité par d’autres !). Ça me donne le devoir et la responsabilité de prendre l’initiative, le plus souvent possible, de prendre ne serait-ce que quelques minutes pour partager cela avec lui. Ce faisant, je me prémunis contre les réclamations incessantes du chien, car en amont j’ai répondu à son besoin.
Je gagne en cohérence aux yeux de mon chien.
En effet, imaginez: il vient me solliciter en posant un jouet sur mes genoux, je n’ai rien d’autre à faire, j’accède à sa requête. 1h plus tard, il revient de la même façon, mais cette fois je suis occupée, ou je n’ai pas envie, donc je lui refuse le temps de jeu. Pour la même action, il sera soit récompensé, soit envoyé promené. Où est la cohérence là dedans ? Alors que si le jeu part de mon initiative, le chien sera gagnant 100%du temps.
Mon chien ne peut pas développer de protection de ressource s’il comprend et accepte que cette ressource ne lui appartienne pas…
Et là on arrive au sujet qui fâche. Non, les chiens ne sont pas aussi matérialistes que nous… Ils n’ont pas le besoin profond de posséder leur balle bleue, leur collier fashion, leur sublime plaid anti stress, etc.
Qu’ils apprécient un objet plutôt qu’un autre Ok, qu’ils se l’approprient au point de me menacer si je veux le prendre, c’est hors de question. Je souhaite que mon chien me fasse suffisamment confiance pour savoir que le jouet ne disparaîtra pas à jamais si je le reprends.
Un bon apprentissage du « prends/donnes/lâches », par le jeu et la complicité m’aidera à obtenir cette confiance et à éviter les conflits inutiles.