Parfois méconnu des propriétaires de chiens, le syndrome de dilatation-torsion de l’estomac ou SDTE (souvent appelé « retournement d’estomac ») est une pathologie grave, rapidement mortelle, qui ne touche pas que les dogues allemands!
Même avec une intervention vétérinaire, le taux de mortalité s’élève de 20 à 45%, c’est donc une urgence vitale absolue. Une bonne connaissance de son chien par l’observation, ainsi que quelques notions d’anatomie canine, peuvent vous permettre de réagir aux premiers signes inquiétants. Rappelons qu’au moindre doute, n’hésitez pas à contacter votre véto ou les urgences véto, qui seront les mieux placés pour vous conseiller.

QU’EST-CE QUE C’EST AU JUSTE ?

Chez le chien, l’estomac est soutenu par un ligament relativement lâche, ce qui le rend très mobile. Lorsque l’estomac se dilate soudainement, sous l’effet de l’accumulation d’aliments, de liquides mais surtout de gaz, il peut alors effectuer une rotation sur lui-même.
Les « portes d’entrée et de sortie » (cardia et pylore) se trouvant bloquées, c’est l’occlusion ! Il arrive que la rate se torde et gonfle à son tour.


Conséquences :

-Difficultés respiratoires dues à la compression du diaphragme,
-Compression des veines, parfois arrachement des petits vaisseaux, entrainant des anomalies circulatoires,
-Parfois nécrose de l’estomac et de la rate
-Hypotension, manque d’oxygène dans les organes, anomalies cardiaques
-Etat de choc pouvant entrainer la mort sans soins immédiats de la part d’un vétérinaire.

SYMPTOMES observables chez le chien : Attention, les symptômes suivants ne sont pas systématiques, ils peuvent varier selon les cas, en cas de doute, on ne réfléchit pas 3h, on appelle son véto ou les urgences véto tout en se préparant à y emmener le chien le plus rapidement possible.

  • Changement soudain du comportement: le chien gémit, s’agite, paraît anxieux, fébrile. Il halète, tourne en rond, regarde ses flances, a du mal à s’allonger. Il peut au contraire être prostré, apathique.
  • Le chien bave en abondance, tente de vomir sans y parvenir
  • Le ventre semble dur et gonflé, la peau est tendue, et on peut entendre le bruit de l’air en tapotant avec son doigt (c’est le tympanisme)
  • Les muqueuses pâlissent (observable en soulevant un babine)
  • Si l’état de choc s’installe, le rythme cardiaque s’accélère alors que le pouls s’affaiblit, le chien se couche et ne sait plus se relever, il a des difficultés à respirer.
  • Si aucun soin n’est entrepris en urgence, et malheureusement parfois malgré les soins, le chien tombe dans le coma et décède dans les heures qui suivent.

Si le SDTE touche en grande majorité les très grands chiens, au thorax profond, les plus petits ne sont pas épargnés. L’âge, le stress, et même l’hérédité seraient des facteurs aggravants, cependant des comportements simples au quotidien peuvent contribuer à réduire les risques liés à la dilatation de l’estomac.

COMMENT REDUIRE LES RISQUES DE DECLENCHEMENT DU SDTE?

  • La qualité de la nourriture. Une alimentation sèche bas de gamme aura tendance à renfermer davantage de gaz, à gonfler ou à fermenter une fois ingérée. Pour éviter cela, et ce même avec des croquettes de qualité, vous pouvez mouiller légèrement les croquettes quelques minutes avant de les donner au chien, ce qui va provoquer une libération des gaz avant l’ingestion. Cela évitera également que le chien ne se jette sur sa gamelle d’eau juste après le repas, alourdissant ainsi le contenu stomacal. Doucement donc avec l’ingestion d’eau juste avant ou après le repas.
  • Un repas sans stress ! Au moment de donner la gamelle, le chien doit être au calme. On peut en profiter pour travailler l’obéissance et le self control, mais une fois que le chien commence à manger, on lui fout la paix! Ne restez pas juste à côté de lui à l’observer, cela va l’inciter à manger beaucoup plus vite. Pour les chiens qui engloutissent très rapidement, des solutions existent, parlez-en avec un éducateur canin!
  • Eviter absolument l’exercice physique avant et après le repas. Bien qu’il n’existe pas de durée précise validée de façon scientifique, on estime par précaution que le chien doit avoir grand minimum 1h au calme avant de manger, et grand minimum 2h (si vous pouvez davantage, c’est encore mieux) de calme après avoir mangé. Pas de jeux, de course, de sauts, de câlins très énergiques ou en mode bagarre après le repas! D’où l’intérêt de servir son repas le soir, juste avant de dormir.
  • La quantité de nourriture. La grande question du nombre de repas ! Effectivement, le fait de séparer les repas en deux (matin et soir) permet de diminuer la quantité ingérée d’un coup (une grosse quantité ingérée en une fois pouvant être un facteur aggravant). Cependant, cela nécessite plus de temps et d’organisation (sortir et faire se dépenser le chien, rentrer, attendre au minimum 1h avant le repas, puis grand minimum 2h avant toute activité physique, rebelote le soir). De plus, avec cette méthode, l’estomac du chien n’est jamais au repos (rappelons que la digestion du chien dure de 4 à 15h, elle est aussi plus longue avec de la nourriture sèche comme les croquettes.)
  • La méthode consistant à ne donner qu’un repas par jour, le soir, permet de laisser le système digestif se reposer, et diminue fortement le risque de SDTE en journée, mais a l’inconvénient de constituer une grande quantité de nourriture d’un coup.
  • Il n’existe donc pas de méthode miracle, celle-ci doit être réfléchie et adaptée au mode de vie du chien et de son humain. Pour ce qui est de la gamelle en libre service, elle présente malheureusement tous les inconvénients cités plus haut. Vous ne savez pas à quel moment l’animal a mangé, ni en quelle quantité, sans parler des problèmes d’éducation pouvant en découler.
  • Il existe une opération chirugicale visant à réduire les risques de dilatation-torsion de l’estomac: la gastropexie. Elle est souvent réalisée après un premier SDTE, car les risques de récidive sont de l’ordre de 80% (le risque tombe à moins de 5% avec la gastropexie). L’opération peut également être réalisée de façon préventive chez les chiens dits à risque, n’hésitez pas à en parler avec votre vétérinaire.

N’hésitez surtout pas à partager ces informations avec les propriétaires de chien de votre entourage, afin de leur permettre de réduire les risques de déclenchement.
De plus, le fait d’être préparé psychologiquement à l’éventualité d’un SDTE (avoir les cordonnées d’une clinique d’urgence à portée de main, avoir réfléchi en amont à la marche à suivre…) permettra de le repérer plus facilement, et d’agir au plus vite sans céder à la panique.


Bonne journée à tous et toutes, et à bientôt !

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